Image
Je me suis battue pour la réouverture de mon salon de barbier
Catégorie
Création et reprise d'entreprise

Je me suis battue pour la réouverture de mon salon de barbier

Description
Après deux années très difficiles, Pierrette a repris le combat pour enfin relancer son salon de rasage à l’ancienne. Alors qu’elle cherchait de l’aide, elle a notamment croisé le chemin de la Fondation.
Body

En plein centre-ville d’Obernai, une charmante commune à colombages au cœur de l’Alsace, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, une maison de ville attire le regard du passant. Accrochée à la rambarde du balcon, au deuxième étage, une large pancarte à fond noir : « Un barbier dans la ville ».

Un salon de barbier dans un appartement ? « Je n’aime pas être vue de la rue à travers une vitrine lorsque je travaille. » Pierrette est la maîtresse des lieux. Décoré avec soin, l’appartement où elle pratique son art n’en est plus un.

Au cours de ces vingt-cinq dernières années, elle a beaucoup donné. Elle a reçu, aussi. « À l’école de coiffure de Rennes, où j’ai été formée, le corps enseignant m’avait vite repérée. Il trouvait que j’avais un don pour manier le rasoir. Il prédisait même qu’un jour, le port de la barbe reviendrait à la mode. Il était très en avance ! » Pendant sa formation, au début des années 1990, Pierrette est tombée malade. C’était sérieux. « Le Fondateur de l’école m’a soutenue. Il a été là pour moi. » Son diplôme en poche, elle est venue s’installer à Obernai.

Mariée et mère d’une petite fille, elle croyait en son avenir. Mais en 2007, tout s’est effondré. « La rue où se tenait mon salon de barbier a été fermée pour travaux pendant six mois. Plus aucun passage possible pour la clientèle. À la même période, mon mari et moi avons divorcé. La descente aux enfers a commencé. » La liquidation judiciaire n’a pas tardé. Seule avec sa fille, sans emploi, Pierrette a sombré doucement. La traversée du tunnel durera deux ans. À aucun moment, pourtant, elle ne s’est avouée vaincue. « J’ai du sang espagnol. Même à terre, je ne renonce pas à combattre. ».

Des clients fidèles l’ont soutenue et exhortée à reprendre son activité. Mais comment ? « Quelques-uns d’entre eux se sont cotisés et m’ont offert 3 000 euros. J’ai pu m’installer dans le sous-sol d’une maison amie, à Meistratzheim. Je me suis remise à exercer, petit à petit. » Il est des convalescences qui exigent du temps. 

Pierrette pousse la porte de la chambre de métiers et de l’artisanat. Pour y chercher de l’aide. Elle va l’y trouver. D’abord parce qu’une conseillère la reçoit et l’écoute. Ensuite parce que cette même personne lui parle de la Fondation de la 2ème chance. « C’est là que j’ai rencontré Florence, la représentante de la Fondation à l’époque. Mon histoire l’a interpellée. Elle m’a aidée à constituer mon dossier. Recalé la première fois, il a été retenu à la seconde tentative. J’ai repris confiance. J’allais pouvoir m’en sortir. » Florence l’a accompagnée pendant deux ans. 

À force d’y croire à nouveau, encouragée par nombre de ses clients, Pierrette a fait renaître son salon de barbier, « le seul en Alsace, voire au-delà… ». Mais il restait un autre défi à relever : « Revenir à Obernai », histoire de faire un pied de nez au mauvais sort. En 2015, bien décidée à porter l’estocade finale à de vieux courants contraires, elle signe un nouveau bail et publie une annonce dans un journal local, titrée « Le retour du barbier ! ». Chapeau, l’artiste !
 

Un projet ? Une question ?